
La politique anticléricale du gouvernement Combes et sa volonté de réduire l'influence des congrégations sur l'enseignement met une partie de la Bretagne au bord de la rébellion.
Dans le Léon, la fermeture d'écoles et les expulsions de religieuses provoquent des émeutes.
Ce qui n'est pas autorisé est en conséquence interdit. Si la célèbre loi de 1901 toujours en vigueur a provoqué l'éclosion de millions d'associations, elle a aussi permis dès son entrée en vigueur de frapper durement le catholicisme français à travers l'une des activités qui lui tient le plus à cœur : l'enseignement.
La déclaration de guerre est signée Emile Combes.
Devenu président du conseil, ministre de l'Intérieur et des cultes, après la victoire du «Bloc des gauches» aux élections d'avril 1902, il décide d'enlever aux congrégations le droit d'instruire les enfants.
Eudistes, Jésuites et Filles du Saint-Esprit
M. Moerdès, commissaire de police, apposant les scellés sur la porte du couvent de Landerneau. Oubliées par le Concordat de 1801, ces associations religieuses indépendantes des autorités diocésaines se sont beaucoup développées à la fin du XIXe siècle au point de former une Eglise dans l'Eglise.
Sommées de solliciter une reconnaissance officielle de l'Etat, certaines congrégations, comme les Frères de Ecoles chrétiennes ou les Eudistes acceptent. D'autres, Augustins, Jésuites, confient leurs établissements au clergé séculier, se dispersent ou s'exilent.
Les imprécisions juridiques et assurances contradictoires ajoutant à la confusion, des communautés passent, sciemment ou non, dans l'illégalité. Le 9 juillet, une circulaire impose la fermeture des écoles congréganistes non-reconnues : neuf sur dix s'exécutent, 324 décident se résister.
Résistance passive pour certains, active pour d'autres... Les explusions se multiplient entraînant un nombre si importants d'incidents et de manifestations dans toute la France que le quotidien «La dépêche de Brest» ouvre une chronique intitulée «La chasse aux sœurs»...
Les paysans s'échauffent
En Bretagne, l'émotion dépasse largement les murs des couvents. Encouragés, voire manipulés, par des élus royalistes soucieux de régler des comptes avec la République, les paysans s'échauffent.
Hommes et femmes - surtout ces dernières - veillent jour et nuit sur les «rebelles» ;
toutes des religieuses appartenant à des communautés dont le siège est en Bretagne. Le noyau dur est composé des Filles du Saint-Esprit.